Nous souhaitons engager une nouvelle façon de penser le design en nous inspirant des principes d’« écologie relationnelle » pour travailler un design durable dont la proposition fondamentale est le respect d’un juste équilibre entre l’homme, la nature et la technique, soit un design « convivial ».

 

Un design convivial dont la formule est menacée par l’externalisation des moyens de fabrication, dictée elle-même par une logique de rentabilité à court terme et facilitée par le développement des outils de communication numérique. Cette tendance lourde d’externalisation a progressivement éloigné le designer de la technique et a pu réduire, jusqu’à l’annuler, le dialogue physique entre le designer et les fabricants, avec pour tristes conséquences une division mondiale du travail intenable, l’oubli des pratiques d’usage raisonné d’objets pléthoriques et la généralisation de l’offre d’un sur-contenu technologique sans doute inutile et probablement absurde.

 

La difficulté des entreprises françaises à coopérer entre elles a, par ailleurs, contribué à la perte de nos savoir-faire et de nos compétences en matière de production, quand nos voisins transalpins ont su longtemps s’organiser en réseaux de proximité pour garantir des fabrications de grande qualité. Inspirés par ces voisins, nous avons souhaité (re)créer des conditions favorables aux rencontres durables entre entreprises et partenaires implantés sur le même territoire pour imaginer

et concevoir des dispositifs associant conception originale et production responsable, à partir de ressources issues si possible du réemploi de matériaux.

 

Si les « chutes » de matière issues des cycles de production individuels sont en effet difficiles à revaloriser à l’intérieur

d’une même entreprise, la mise en commun des rebuts issus

de plusieurs entreprises peut devenir source de création

et d’imagination pour le design, mais surtout tisser ou renouer les fibres d’un lien social plus solide.

 

Nos objectifs, dans le cadre des projets EN_LIEN, sont en conclusion de :

 

•  proposer une série d’objets métissant des matières et des savoir-faire issus des entreprises, en favorisant des processus innovants et hybrides tout en veillant à utiliser des mises en œuvre simples qui permettent la production d’objets en série à des coûts raisonnables.

 

• réinventer les enjeux du travail du designer : en ne travaillant pas uniquement sur la formalisation d’un objet mais aussi sur les formes invisibles déduites par la conception des échanges et des interactions possibles à l’intérieur d’un milieu spécifique.

 

• penser l’objet comme un médiateur, un prétexte à initier des relations de voisinage, réinventer des interactions entre des métiers et des pratiques afin de produire des innovations aussi bien sociales que techniques.

 

• proposer un processus ouvert et libre d’accès, pour permettre au projet de se poursuivre au delà de notre présence.

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Sophie Larger & Laurent Godart